Ca parle ni de poils, ni de sexe, mais c'est du costaud. Speciale dedicace a tous les fans de ce topic
Ca m'est arrive hier et ce matin, j'ai decide d'en faire ce recit et je vous le livre en avant-premiere. Enjoy !

  Meph'

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Comment j'ai decide de commmencer une greve de la faim
  petite histoire vraie
 
Cette histoire aurait tres bien pu aussi s'appeler "comment je suis devenu un tueur psychopathe", mais, l'ecrivant le jour meme ou les evenements se sont precipites, je n'ai pas le recul necessaire pour juger de toute la portee de la chose sur mon comportement futur. J'aime a penser que je trouverai d'ici-la une alternative au carnage de foule a grands coups d'Uzi. Parce que bon, trouver un Uzi en France, c'est quand meme assez coton. Peut etre par contre que dans d'autres pays...

D'autres pays comme l'Afrique du Sud, par exemple, ou je me rendrai d'ici a quelques mois. En attendant, vaccins et autres rappels sont obligatoires, ce qui me vaut des visites chez le medecin de maniere reguliere, ainsi qu'aupres des distributeurs de billets. Je n'ai jamais de monnaie sur moi, mais comme le medecin ne prend pas la carte bleue, avoir sur soi une visite d'avance en liquide c'est pas du luxe.
Generalement, le medecin, je ne le vois qu'une fois l'an: pour un certificat medical. C'est obligatoire pour la pratique du karate, que, en l'occurence, je pratique.

Il y a de cela bientot deux ans, mon Senseï m'offrait, en signe d'amitie sincere, une montre fort jolie. Elle s'etait deja arretee une fois, mais un petit tour chez l'horloger, dans la gallerie marchande du supermarche du coin, avait ete suffisant pour la faire repartir. En fait, la pile a une facheuse habitude a se deloger legerement de son emplacement. Ce qui fait que la montre s'arrete. Il suffit de remettre la pile en place et c'est tout, ca serait enfantin s'il ne fallait pas un outil special pour ouvrir le couvercle de ladite montre afin de realiser l'operation.

Donc en l'occurence, au moment de mon histoire, ma montre s'est arretee depuis quelque temps. Afin de penser a l'amener chez l'horloger la fois suivante, je l'ai simplement mise dans une des poches de ma veste.

Cette histoire se deroule juste avant un week end de Paques, un vendredi ferie en Allemagne. Un week end de trois jours et de changement d'heure. Voila pour le decor.
Je suis d'excellente humeur ce jour-la. Peut etre parce que, long week end oblige, je caresse l'espoir d'aller rendre visite a une tres charmante demoiselle habitant quelque mille kilometres plus loin. Peut etre simplement aussi parce que je suis particulierement fier de la quantite astronomique de boulot que j'ai abattu ces derniers temps, et dont le Grand Final est imminent. Peut etre enfin parce que je pense a ce voyage pour l'Afrique du Sud qui se precise. Bon, ma chef s'est plantee dans l'aeroport d'arrivee, Cape Town au lieu de Johannesburg. Mais je lui ai simplement demande si elle peut modifier le billet, parce que bon y'a mille kilometres d'erreur de marge. C'est alors que j'apprend que ma chef justement me veut dans son bureau: elle va m'annoncer mon augmentation.

Chapitre premier: ca commence.

Je n'ai jamais ete tres fort pour demander une augmentation. C'est pas une chose qu'il faut avouer; encore une de mes faiblesses. Mais a la lumiere de mes resultats professionnels, c'etait gagne d'avance. Sauf que pas du tout. A cause "de l'enveloppe globale que tu comprends, j'ai pas beaucoup de marge de manoeuvre et que tu sais, j'ai recompense en premier ceux qui ne vivent que pour leur travail parce que c'est normal et c'est leur choix, alors que toi tu fais d'autres choses a cote et puis j'ai donne plus a ceux qui font vraiment des horaires de fou".
J'ai souri. J'avais betement oublie que pour etre augmente il fallait jeter de la poudre aux yeux. Quelle idee de transpirer dans l'ombre, la ou nul ne t'entendra gratter. Ca va faire quatre ans que je bosse dans cette boite. Une boite super, a la cantine extraordinaire. C'est la quatrieme fois que mon augmentation sera inferieure a l'inflation.

Ce meme midi, je suis d'excellente humeur. Et repond avec un large sourire, a la question: c'est ton augmentation qui te rend de si bonne humeur ? l'unique mot: Non. Mon projet va etre boucle ce soir, des mois de travail qui se concretisent enfin. Meme le mail comme quoi il est impossible de modifier le billet d'avion pour Johannesburg ne m'entamme pas plus que ca. C'est la chef qui se trompe de vol mais c'est a moi de prendre un second vol vers l'autre aeroport et de le payer de ma poche. Tout va bien.
Il est quand meme temps que la journee se termine quand je recois un mail tout mignon de la charmante demoiselle du debut, car elle est bloquee tout le week end et avec ceci s'envolent mes reves de m'envoler.

Direction le club de karate. Rien de tel pour finir la semaine qu'un nettoyage moral. Ma therapie, c'est la depense physique. J'arrive dans le vestiaire, dis bonsoir a la fille qui s'y trouve, pose mes affaires, realise qu'il y a quelque chose de bizarre, et repose mon regard sur la fille. Elle me dit:
- desolee, mais il y a des garcons dans le vestiaire des filles...
Bon, eh bien changement de plan, je passe a cote. Je suis seul dans le vestiaire mais des voix masculines viennent de la douche. Je me change, les types ne sont toujours pas sortis. Je vais alors voir, pour entrer dans une piece envahie par la vapeur. Deux ados squattent, et apparemment depuis un certain temps.
- dites, c'est un vestiaire filles ici, les mecs c'est a cote
- desole on savait pas
- ouais, ajoute le second, on nous a juste dit d'aller prendre une douche
Des bruits: les gamines du cours precedent viennent se changer. Je lance aux garcons:
- y'a des filles qui viennent d'entrer, ce sont des mineures, vous allez pas sortir comme ca
- oh, nous on n'est pas pudiques
- c'est pas une raison pour faire de l'exhibition
Je referme la porte, explique aux petites et aux mamans la situation. Les jeunes attendront pour sortir que la voie soit libre. Je prend mon sac et fonce vers le dojo: mon cours va debuter.

Le cours est tres efficace, comme a chaque fois. Week end de Paques oblige, peu nombreux sont les participants, mais ce sont les plus reguliers et les plus serieux. Le cours n'en est que plus intensif.
Vient alors le gardien, quinze minutes avant la fin. Une veste a ete retrouvee dans le vestiaire des filles, toutes les poches videes par terre. Apres examen, il s'agit de ma veste, celle que je n'oublie jamais, mis a part cette fois, evidemment. Apres un rapide examen, je conclus qu'il ne manque rien. Mis a part bien evidemment les 30 euros que j'avais d'avance pour le medecin et un vaccin. Apres enquete, ce sont les garcons de la douche qui se seront servis. Je me felicite d'avoir garde mon vieux telephone portable du douzieme siecle, au moins ils ne me l'auront pas pique.

Drole de fin de journee. Je rentre, me relaxe, mange la derniere pizza du congelateur. Faudra faire des courses, demain. Enfin, tomber a cours de vivres une veille de samedi n'est qu'un modeste desagrement.

Chapitre deux: le puzzle se complete.

Afin d'eviter de faire trop la queue lors des courses, le truc c'est d'y aller quand il y a moins de monde. Sauf qu'une veille de double jour ferie, c'est peine perdue. Il est 12h quand j'arrive au supermarche. Le grand, parce que tant qu'a y etre, autant en profiter pour eventuellement acheter un nouvel ordi. Ca fait trois ans que je dis ca mais je finirai par trouver ce qu'il me faut.

Il y a des scenarios de cinema qui paraissent peu credibles. L'enchainement des evenements est trop gros et trop peu probable pour que le spectateur y croit vraiment. Pourtant, qui ne s'est jamais demande s'il n'est pas le personnage principal du Truman Show ? Vous savez, ce film ou quand le personnage veut quitter la ville en voiture, toute la population vient se masser subitement pour creer un bouchon juste devant lui, ou tomber en panne devant la voie vers laquelle il voulait tourner...

Parfois le mythe rejoint la realite. Apres avoir trouve par une chance inouie une place de parking, malgre l'extreme enthousiasme des automobilistes a me faire aller exactement la ou je ne voulais pas aller, j'entre dans le magasin.
Passant dans la gallerie marchande, je fais demi tour alors que je depasse l'horloger. C'est le moment ou jamais de faire remettre en place la pile de cette montre que j'ai eu la bonne idee de laisser dans la poche de ma veste qui s'est faite retourner justement hier...
S'il y a bien une personne sur cette Terre qui ne soit pas materialiste, c'est bien moi. Ma chere maman etait toute boulversee de m'annoncer que la maison des voisins avait brule deux jours plus tot. Je ne lui ai pas dit que parfois j'aimerai que tout mon appart brule, pour qu'il ne reste plus rien. Plus de papiers administratifs, plus de courrier en attente, plus d'attache. La liberte.
Mais j'ai la mauvaise manie d'accorder une valeur sentimentale a des objets qui en eux memes ne valent pas grand chose. Et la montre que mon Senseï m'avait offert etait de ceux la. Elle avait evidemment disparu.

Apres un tour vers les ordinateurs ou une fois de plus je ne trouve rien de valable, je fais des courses minimales de celibataire. But avoué: survivre jusqu'au mardi. Avec deux boites de lots de pizzas, je commence donc la longue procession du passage a la caisse en observant le long processus de decongelation des pizzas sous mes bras.
Alors que j'arrive a quelques metres de la caisse proprement dite, une voix resonne, annoncant sa prophetie: "Pour cause de panne generalisee, tu ne payeras point en carte de credit". Pas grave, pour une fois que j'avais du liquide d'avance, prevu pour le medecin... Sauf que ca, une fois de plus, c'etait vrai la veille...

Arrive mon tour de passer. Expliquant mon cas a la caissiere, je lui dis que je fonce aux distributeurs de monnaie qui, eux, fonctionnent. Enfin, deux sur les trois fonctionnaient. Et vingt personnes faisaient la queue devant chacun desdits appareils.
Prenant une fois de plus mon mal en patience, j'en viens a plaisanter avec les autres personnes, tout comme moi infortunees dans les deux sens du terme, que le comble serait, soit que la panne soit resolue juste au moment ou l'on viendrait de retirer de l'argent, soit que le distributeur soit vide avant qu'on n'arrive a l'atteindre.
Plus que trois personnes devant moi, je vois la vieille dame penchee sur l'automate sortir quatre vingt euros. Bonne idee. Sait on jamais, des fois que les cartes bleues ne marchent plus a vie. Et evidemment, le suivant tombe devant un message indiquant la non-disponibilite du service. Tous les gens, tels un seul homme, tournent alors leurs regards vers l'ultime automate, puis vers les vingt personnes devant. Et se dispersent.

La demoiselle de la caisse, touchee par mon manque de chance incroyable qui faisait que decidement j'allais mourir de faim ce week end, m'adressa ces quelques mots de reconfort:
- je ne peux rien faire pour vous.
Et c'est en regardant les deux cartons deja trempes a cause de ces pizzas deja decongelees qui de toutes facons partiraient a la poubelle, que j'ai subitement eu l'illumination: face a un systeme absurde, face a des comportements egoistes, face a la caissiere aimable comme une porte de prison:

J'allais entammer une greve de la faim.

Epilogue

En fait j'aurai pousse jusqu'au petit supermarche juste en bas de chez moi pour y faire trois courses. Bilan de l'operation, trois heures passees a pietiner et cette superbe histoire a la clef. Ne croyez pas que cette histoire se termine mal, car je suis sur que la charmante demoiselle dont je vous ai parle m'appelera au telephone. Si, si ! La seule chose qui m'inquiete encore c'est juste que je n'ai, depuis ce matin, plus de tonalite...

Le pire, c'est quand on sait que ça lui est déjà arrivé un nombre incalculable de fois des histoires comme ça  
La preuve, au fil du temps, il a fini par s'entrainer à la presentation de ses aventures
T'es vraiment le detenteur de la sainte malchance !!

Bûchtroll.

Toi aussi t'as déjà pensé faire partie du Truman Show  c'est délire !
Ce passage m'y a fait penser : " Apres avoir trouve par une chance inouie une place de parking, malgre l'extreme enthousiasme des automobilistes a me faire aller exactement la ou je ne voulais pas aller"

hihihi 18 ans tu prends au berceau Zobdar ? C'est pas beau de dire pompier au lieu de policier.... ca c'est le pire à mon avis... pour le reste tu peux avoir des amiEs

Drizzt, et la caissiere de decathlon ?

Buchtroll:

Drizzt: c'est pas pareil, la c'etait week-end; la caissiere de Decat' a bien le droit de se reposer de temps en temps aussi, non ?

  Meph'

Originally posted by Zobdar on 2005-03-27 14:59:56

Bah tant qu'elle est majeure, ça ne me pose pas de problême.

Zobdar, t'es hallucinant.
Je pense parler au nom de tous les gens du commun : si en boîte une nana vient me brancher comme la demoiselle l'a fait, lui demander sa carte d'identité équivaut à un suicide libidineux ! Toi, non seulement tu demandes, mais en plus elle reste.
J'te jure...

Meph' > même pas désolé pour toi tellement c'est drôle. ^^
Et les gamins qui font les poches des vestes dans les vestiaires des filles, ils ont pas peur de revenir au dojo plus tard ? Nan parce qui si un jour je dois faire les poches de qqun, ça ne sera pas dans un dojo ! :0P

Corwin, qui voudrait bien rivaliser en poisse. C'pô gagné, il a mis la barre haute le bougre.

j'approuve Corwin c'est clair que c'est hallucinant que tu arrives à demander la carte sans te faire jetter !!! là je dis respect ! Tu as demandé à voir sa photo sur sa carte ?

Meph, tu nous racontera le retour au dojo des 2 gamins

Drizzt

Elle m'a répondu me disant qu'elle ne m'en voulait pas et qu'elle appréciait que j'ai le courage de lui avouer la vérité.

Un modèle de blabla, de la drague du dimanche, aucune subtilité.
J'serai vexé à ta place, de faire du si banal pour te chopper.

Corwin, plouf

Ah bin tiens, on serait curieux à moins.

Corwin, curieux de nature, mais rarement en position de l'assouvir ^^

ou comme disent les Polonais : "boire ou conduire? de toute façon on n'a pas de voiture..."

*darthvador, qui a vu ce qui restait des conducteurs éméchés et de leurs passagers pendant son stage aux urgence, et qui ne recommande pas*