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#. Message de Smash- le 11-08-2014 à 16:11
1974 - ( )
Pays: France (44 - Loire-Altlantique)  Inscrit le : 18-05-2009  Messages: 701 (Shaï Epileptique)   Citer Citer
Journal
Entrée inconnue.

Elle est toujours là.

La présence. La chose. La créature. Le rire de ce maudit Goblin résonne encore
contre les murs. Le lieu lui-même semble se moquer de nous. La lumière est
changeante. Les objets bougent dans notre esprit. Même la vieille lampe à huile
accrochée au plafond semble juger nos moindres faits et gestes.

S.

#. Message de Smash- le 14-08-2014 à 10:30
1974 - ( )
Pays: France (44 - Loire-Altlantique)  Inscrit le : 18-05-2009  Messages: 701 (Shaï Epileptique)   Citer Citer
Journal
Entrée inconnue.

Épuisés...

Je ne saurais dire combien de temps s’est écoulé depuis le passage de cet
étrange Goblin, mais il est certain qu’aucun de nous n’a vraiment trouvé le repos
depuis. Mes deux compères semblent complètement dépassés par les évènements,
et j’ai parfois le plus grand mal du monde à ne pas sombrer dans la tourmente à
mon tour.

C’est Pingoin qui le premier est venu me faire part de ses états d’âme, et j’ai vu
pour la première fois chez le jeune Darkling l’envie de renoncer. Après tant de
vécu, tant de découvertes, mais aussi tant d’échecs et tant de phénomènes que
nous ne pouvons expliquer malgré les écrits de Gromm, comment ne pas céder ?
Nous touchons du doigt un domaine qui nous dépasse et qui frise parfois la folie...
Quel Trõll sain d’esprit ne serait pas envahi par le doute face à la perspective
d'effectuer de telles manipulations ! Nous créons, nous donnons la vie, nous la
modifions... Nous frôlons le divin. Cette perspective est à la fois exaltante et
terrifiante.

Autre signe de notre malaise collectif, Eneth n’a plus prononcé un mot depuis
plusieurs jours. Des jours qui semblent d’ailleurs tantôt rallonger, tantôt
raccourcir sans que nous n'arrivions à y associer de phénomène logique. Les
innombrables vapeurs toxiques et liquides nauséabonds que nous avons ingérés
depuis des mois pourraient bien avoir eu raison de nos facultés intellectuelles !

Néanmoins, nous continuons, car tout sera bientôt terminé. Trop tard pour
reculer, ou pour de basses considérations matérielles. Ce que Gromm et mon père
cherchaient à accomplir (ont accompli ?) est à portée de main, et nous en
sommes tous les trois conscients. Nous nous sommes jetés tête baissée dans cette
entreprise afin de trouver des réponses - même si elles s'avèrent différentes pour
chacun d'entre nous - et nous irons les chercher, quel qu’en soit le prix.

Le moment est venu de jeter nos dernières forces dans la bataille. La seule chose
qu'il nous reste à faire est de nous focaliser sur notre objectif final. Pour ma
part, je suis déjà en train de planifier notre toute dernière expérience. Celle-ci
sera la consécration de notre travail, et la compilation des données que nous
avons pu amasser me laisse à penser qu’elle sera parfaite. Le temps que nous
avons tous les trois pris était nécessaire, pour réaffirmer notre engagement,
chasser le doute, affûter nos sens. Concentration et précision sont les clés, et
tout sera parfaitement planifié et peaufiné.

Rien ne sera laissé au hasard.

S.

#. Message de Smash- le 17-08-2014 à 11:17
1974 - ( )
Pays: France (44 - Loire-Altlantique)  Inscrit le : 18-05-2009  Messages: 701 (Shaï Epileptique)   Citer Citer
Journal
Entrée inconnue.

Tout est prêt. Notre recette finale est en train de frémir dans notre vieux
chaudron. Nous avons passé plusieurs jours et plusieurs nuits à tout replanifier,
à tout repenser, à tout préparer. Comme prévu.


Chaque composant a été sélectionné dans sa qualité et sa préservation la
plus parfaite. Chaque champignon a été choisi, cueilli et conservé dans les
meilleures conditions. Les solutions de principes actifs ont été
intégralement refaites, plus concentrées que jamais. Les acidifiants n’ont
jamais été aussi agressifs. Et, enfin, nous avons ajouté notre plus grosse
pépite d’obsidienne
, gigantesque, qui doit, vu sa taille, valoir largement
plus que tout ce que nous n’avons jamais possédé. C’est l’élément qu’il
nous manquait lors des précédentes tentatives, et cette fois, l’ingrédient
sera présent en quantité. De la pierre émane une magie sombre et inquiétante,
mais les précédents résultats confirment qu’il faut s'y fier. Tout notre protocole
est consigné sur un parchemin propre, auquel nous avons humblement décidé de
donner le numéro zéro. Le commencement de toute chose.

Nous sommes convaincus que l’ingrédient mystère de notre précédent succès
était extrait d’un fluide provenant d’une créature très puissante. Aussi, nous
avons décidé d’utiliser nos plus beaux échantillons pour cette tentative.
Comme aucun d’entre nous n’a pu se résoudre à passer son tour et à rester
derrière, nous entreprendrons la possession tous les trois simultanément...
Et pas sur de simples objets, évidemment. Notre nature même va changer.
Si une nouvelle tablette se forme, qu’un nouveau voleur s’en saisisse ! Cela
n’aura pas d’importance, car nous serons enfin ce que la prophétie annonçait.

Oui, nous y sommes. Nous comprenons Gromm. Nous sommes Gromm. Les
dernières pièces du puzzle sont là, autour de nous. Notre vie de travail, ces
mois d’abnégation, de connaissance et d’étude… Nous sommes devenus des Sages.
Tout était là, sous nos yeux, depuis le premier jour, sur le vieux parchemin de
Ping
… Et maintenant, l’heure est venue !

"Alors que les simples ignorent que tout peut vivre, le vrai Mage, le
pur croyant, lui, le Trõll de savoir qui aura dédié sa vie au labeur,
accédera finalement à la récompense désirée de tous.
A mesure de volonté et en réunissant les conditions idoines, il apparaît
que la possession des corps, des esprits, et même des âmes, n’est
aucunement une affaire réservée aux Dieux.
Au dessus d’eux, faibles et vieillissants, transcendé par l’obsidienne,
il s’élèvera, intouchable.
Il aura alors atteint l’ultime puissance."

Gromm le Sage.


S.

#. Message de Smash- le 18-08-2014 à 17:31
1974 - ( )
Pays: France (44 - Loire-Altlantique)  Inscrit le : 18-05-2009  Messages: 701 (Shaï Epileptique)   Citer Citer
Les ingrats ! Depuis qu’ils avaient formé la tablette et que le Goblin
l’avait volée, les trois Trõlls étaient plus cachottiers que jamais. Désormais,
il n’arrivait à saisir que des bribes de leurs conversations, et même les
ingrédients restaient dissimulés sous des torchons ou des couvercles,
jusqu'à la dernière seconde précédant leur utilisation.

Seule l’énorme pépite d’obsidienne était visible. Posée à même la table,
elle trônait là, magnifique et sombre, sa surface changeante captivant le
regard. Oui. Ils allaient à nouveau tenter de s’approprier le Sortilège
d’Obsidienne.

A en croire les préparatifs, cette préparation allait dépasser tout ce
qu’il avait pu lui-même expérimenter, il y a bien des cycles. Il ne serait
pas allé jusqu’à dire que les élèves avaient dépassé le Maître. Même si il
n’était jamais parvenu à obtenir ce niveau d'aboutissement avec
l’obsidienne, il leur restait supérieur dans de nombreux domaines. Mais il
fallait reconnaître que, vu leur nombre, ils progressaient bien plus vite
que lui à l’époque, et que, ses fabuleuses plantations de champignons
mises-à-part, ces derniers disposaient de moyens bien plus importants !

Il était pourtant inquiet. Pourquoi aujourd'hui en particulier, il n’aurait
su le dire. Un mauvais pressentiment. Après tout, si les trois énergumènes
ayant investi sa tanière représentaient son seul espoir de délivrance, ils
pouvaient tout aussi bien subir le même sort que lui... Des cycles et des
cycles, emprisonné dans 
dans une vulgaire lampe à huile ! Pour une stupide
erreur 
d’interprétation...

Même après tout ce temps, il ressentait encore la douleur atroce qu'il avait
éprouvée quand son âme avait été arrachée à son corps. L'erreur avait été
lourde de conséquences : une âme de Trõll n'étant pas faite pour rester sans
enveloppe, il s'était retrouvé prisonnier dans 
le premier objet venu. Lui,
Gromm, l’unique, le Sage, l’esprit le plus brillant que ce Hall ait porté,
condamné à l’immobilité éternelle, accroché au plafond de cette maudite
tanière
!

Non. Cela n’arriverait pas. Il avait confiance. Ils trouveraient un moyen.
Il avait placé sa confiance dans des idiots, faute de mieux, mais il
continuait d’essayer de se convaincre que tout irait bien.

Il observa les Trõlls s’approcher du gigantesque chaudron. Ils y jetèrent
les derniers composants, et murmurèrent quelques formules. Après cela, ils
se placèrent autour de la table, juste en dessous de lui. D’un hochement de
tête, l’un d’eux donna le signal, et tous trois ingurgitèrent le contenu d’une
petite fiole. Il respirèrent ensuite longuement et profondément au dessus
d’une infusion de champignons, dans un silence parfait, puis, d’un geste
commun soulevèrent l’énorme pépite noire sphérique et s’approchèrent
ensemble de la préparation.

Smash rompit le silence alors que tous semblaient à mi-chemin entre la peur
et l’excitation.
“Bon les gars, je crois qu’on y est … L’un de vous veut-il renoncer ?”

Ses deux compères se contentèrent d’un large sourire en guise de réponse.
“L’un de vous veut-il ajouter quelque chose dans ce cas ?
Je pense qu’il n’y a plus rien à ajouter, déclara Ping.
Ouais. Allons-y !” conclut Eneth.

Leur angoisse semblait avoir été balayée tandis qu’ils plongèrent tous les
trois comme d’une seule main l’obsidienne dans le chaudron. Ils attendirent
enfin, les paumes jointes, l’esprit ouvert.

Le sol trembla. Un grondement sourd et violent monta des profondeurs.
Les trois amis restaient impassibles. Il y eut un craquement, puis une
incroyable explosion de lumière, et tout lui revint en mémoire : son corps
secoué par la violence de la magie, ses oreilles déchirées par le bruit,
ses yeux brûlants de douleur, et son âme se détachant lentement de son
corps… Non. Non ! Pas encore ! Une déflagration en provenance de la marmite
mit fin à cet atroce souvenir. L’explosion broya les murs, fendit la
cheminée, brisa les meubles les plus épais, et réduisit en poussière une
partie du reste, propulsant le contenu de la tanière à une distance
incroyable dans un nuage de poussière.

Sans comprendre comment, il était toujours accroché à un morceau de la
vieille poutre du plafond quand le silence revint. Bien qu'il eût été soufflé
au loin, il sut que les Trõlls avaient disparu. Non ! NOOOON !

NOOOOOOOOOOOON !!!

Qui viendrait le sauver maintenant ?!

Happés par la lumière, l’âme consumée par les ténèbres, ils avaient été
piégés à leur tour.

LES CONS !

17/08/2014 14:01:03 DIVERS L'âme de PingoinEnRute ( 106427 ) a été arrachée à son corps.

17/08/2014 14:01:27 DIVERS L'âme de Smash ( 98063 ) a été arrachée à son corps.

17/08/2014 14:02:26 DIVERS L'âme de Eneth ( 104147 ) a été arrachée à son corps.


17/08/2014 14:01:03 DIVERS L'âme de PingoinEnRute ( 106427 ) s’est retrouvée piégée dans Une Marmite de Bouillon ( 108760 )

17/08/2014 14:01:27 DIVERS L'âme de Smash ( 98063 ) s’est retrouvée piégée dans Un Bac à Ordures ( 108758 )

17/08/2014 14:02:26 DIVERS L'âme de Eneth ( 104147 ) s’est retrouvée piégée dans Un Tonnal de Poudre ( 108761 )


#. Message de Smash- le 18-08-2014 à 17:32
1974 - ( )
Pays: France (44 - Loire-Altlantique)  Inscrit le : 18-05-2009  Messages: 701 (Shaï Epileptique)   Citer Citer
FIN DU LIVRE I




#. Message de Smash- le 18-08-2014 à 17:33
1974 - ( )
Pays: France (44 - Loire-Altlantique)  Inscrit le : 18-05-2009  Messages: 701 (Shaï Epileptique)   Citer Citer
LIVRE II : L'ANCIENNE MAGIE

Chapitre 1 : Qui cherche trouve, qui d'or rêve

#. Message de Smash- le 10-09-2014 à 14:02
1974 - ( )
Pays: France (44 - Loire-Altlantique)  Inscrit le : 18-05-2009  Messages: 701 (Shaï Epileptique)   Citer Citer
Tahini plongea derrière un gros rocher dès qu’il entendit le premier bruit
étrange, s’éraflant au passage les bras et les genoux. Il parcourait le Monde
Souterrain depuis à peine quelques jours, mais il le détestait déjà.

Il détestait être petit et faible. Il détestait être seul et si vulnérable.
Il  détestait ces bruits effrayants et ces odeurs piquantes. Pourtant, il
lui fallait faire avec, c’était comme ça que l’on devenait adulte. Il fallait
désormais qu’il se débrouille tout seul. Et aussi qu’il trouve de quoi
manger. Et puis de quoi s’habiller. Et quelques gigots pour tout payer...
Oh, et surtout, il fallait qu’il évite de se faire étriper. Oui. Cela avait
une importance non négligeable. Il n’était pas vraiment tenté par l’idée
de mourir avec son "dedans" dehors.

Tahini n’était pas de ces Trollinets turbulents, qui piaillent et qui
gesticulent sans arrêt. Il n’était pas non plus de ceux capables de tuer un
Gob’ d’une seule main avant même de savoir marcher. Le Skrim, petit pour
son âge, était en revanche plutôt malin, pour un Trõll. Aussi loin que
remontaient ses souvenirs, il avait toujours eu le don de se sortir des
situations embarrassantes en réfléchissant un peu plus que les autres.

C’est pour cela qu’il avait choisi un endroit calme pour sa première
aventure. Moins de rencontres impliquaient moins de mauvaises rencontres.
Une idée de génie. Et c’est aussi pour cela qu’il venait de se cacher.
On n’était jamais trop prudent !

Face contre terre dans la poussière, il n’osait plus bouger, malgré sa
position très inconfortable. Le bruit avait cessé. Bon signe, plus de
danger... Ou mauvais signe, si on l’avait repéré... Il décida de rester caché
encore un peu, recroquevillé derrière son gros rocher. Le jeune Trõll jeta
un œil à ses coudes meurtris par la chute, et vit qu’il saignait. La terre
s’agglutinait dans la plaie. Décidément, il détestait vraiment cet endroit !

Quand il jugea qu’il n’y avait plus aucun risque, il se redressa lentement,
et passa la tête par dessus la roche. Rien. Il décida de rester là, juste
quelques secondes de plus, histoire de se rassurer. Il entendit un nouveau
un bruit sourd, comme le craquement d’une planche de bois, et il n’osa plus
bouger. Un frisson le parcourut. Il y eut un autre son, droit devant lui,
un bruit de métal, comme quand les gros chasseurs tapent sur leur rondache
pour faire fuir les monstres trop collants. Mais il ne voyait toujours rien.

Les bruits continuèrent, plus fréquents, et il finit par en identifier la
source. Dans la caverne voisine, il aperçut en effet un gigantesque tas
d’objets en pagaille. Quelqu’un devait avoir laissé là ses vieilles affaires…
S’il avait été assez courageux, il serait allé voir. Peut-être même
qu’il aurait pu trouver quelque chose à sa taille ! Il baissa à nouveau les
yeux vers ses blessures crasseuses. Oui, se dit-il en faisant la moue, il
n’aurait pas craché sur une bonne tunique !

Il continua d’observer. Il finit par en être sûr : il y avait quelque chose
là-dedans, quelque chose qui fouinait dans les débris. Un Rat Géant
peut-être ? Ou bien un Capitan avide de trésors ! Ou encore un Trancheur...
Ou même une Vouivre ! Il avait entendu des histoires terrifiantes sur les
Vouivres. Il se demanda s’il serait capable d’en reconnaître une, s’il en
voyait. Même s’il ne savait pas trop à quoi elles ressemblaient, il
n’aimait pas trop la perspective de faire cette découverte aujourd’hui.
Oui, mieux valait vivre. Il respira profondément, et tenta de se rassurer.
Peut-être que ce n’était rien. Peut-être que c’était un Trollinet, comme lui.
Quelqu’un avec qui il aurait pu devenir ami ! Il détestait n’avoir aucun ami.

Il continua de scruter les lieux en silence, dans l’espoir d’apercevoir une
forme quelconque. Rien. Il n’y avait personne là-bas. Mais les drôles de
bruits continuaient...

Dans les histoires que lui racontait son oncle Cuistron, le héros était
toujours grand et intrépide. Il partait à la chasse sûr de lui, le sourire
aux lèvres. Il chargeait en hurlant, brandissant son arme, et découpait les
pires des créatures en riant. En cet instant, Tahini aurait aimé être le
héros d'une de ces histoires. Le problème, c’est qu’il n’avait pas d’arme,
qu’il était petit, et surtout, qu’il avait sacrément peur.

Le cœur battant, il se força malgré tout à avancer. Serrant fort ses petits
poings, retenant son souffle à chaque pas, il se déplaça doucement en
direction des décombres ; en silence.

Le bruit se faisait de plus en plus marqué à mesure qu’il se rapprochait.
Il marqua une nouvelle pause derrière un autre rocher. Il aimait les rochers.
Ils faisaient de bonnes cachettes.

Il risqua un coup d’œil au dessus du parapet. La chose était toute proche !
Il y eut un nouveau craquement sec, et cette fois, il distingua clairement
d’où il venait. Un gros tonnal, couché sur le flan, couvercle à
demi-ouvert, roulait légèrement dans les détritus. Un petit monstre avait
dû s’y coincer. Impossible que ce soit une Vouivre, songea-t-il. Elle
n’aurait jamais pu rentrer là-dedans. Cela le rassura un peu. C’était
peut-être un jeune Lutin. Une proie facile, même pour lui. Son regard
pétilla, et il se surprit à sourire. Son instinct reprenait enfin le dessus !

Pas de précipitation, pensa-t-il. Il fallait la jouer fine. Il n’aurait pas
d’occasion si belle avant des cycles. La créature, trop fouineuse, avait
sûrement basculé à l’intérieur la tête la première, se retrouvant piégée...
Et sans défense !

Il hésita une dernière fois. Embrassant les lieux du regard, il s’assura
qu’il ne se jetait pas dans un piège, puis, voyant que la voie était libre,
il s’élança.

Il courut le plus vite qu’il le put. Il ne s’agissait plus de faire dans la
discrétion : il improviserait une fois sur place ! Il enjamba une large
table cassée, et sauta au dessus d’une pile de chiffons. Il contourna une
marmite renversée, évita un amas de bois cassé, et fonça sur son objectif.

Un projectile siffla dans les airs. Il n’eut pas le temps d’analyser la
situation que celui-ci l’avait déjà heurté en plein visage, dans un bruit
humide. Il tomba à la renverse, coupé dans son élan, la vue trouble.
Sonné, il resta là, allongé par terre, sans comprendre. Il porta la main à
son front pour décoller la chose visqueuse et puante qui l’avait heurté.
Toujours sur le dos, il contempla dans sa main une masse informe faite de
bouts de peaux, de vieux parchemins et d’un liquide gluant. Berk !

Il remarqua alors le vacarme qui régnait autour de lui. Il se redressa,
groggy, les fesses dans la poussière, la tête pleine de colle puante. Et il
n’en cru pas ses yeux.

Le baril, qui avait roulé jusqu’à sa hauteur, s’était redressé tant bien
que mal, et essuyait désormais les tirs qui lui avaient été destinés
quelques secondes plus tôt. L’objet, comme animé par magie, claquait
bruyamment son couvercle, comme s’il raillait son agresseur. Le chaudron,
lui, s’était mis à couvert, et entamait à grand peine ce qui ressemblait
fort à une habile manœuvre de contournement pour prendre leur assaillant
à revers. Enfin, l’auteur des tirs, un bac en métal rempli à ras-bord de
déchets dégoutants, continuait de bombarder aveuglément toute la caverne
de son contenu, dans des grincements sinistres.

Tahini demeura là, incrédule, contemplant cette bataille surréaliste,
ponctuée de grands fracas en tous genres. Il fut témoin de la scène assez
longtemps pour voir le tonnal en bois craquer sous la pluie d’ordures, puis
rendre quelques coups en roulant avant de s’éloigner à nouveau, dans un
grincement moqueur. Puis ce fut au tour de la marmite de prendre la
poubelle par surprise et de cracher le bouillon qu’elle contenait en guise
de riposte, ce qui n’eut pour effet que de contrarier l’objet davantage,
déclenchant une nouvelle salve imprécise d’immondices poisseux.

Terrorisé, mais non moins ravi de ne plus attirer l’attention, il massa
quelques instants son crâne endolori, toujours incrédule, honteux de
son erreur de débutant. Personne ne l’avait prévenu qu’il ferait pareille
rencontre ! Rien d’autre ici que ces trois objets animés, luttant au milieu
de cet amas de vieilleries ! Il profita d’un moment d’accalmie pour se
mettre enfin à couvert, et contempla encore quelques instants le trio
possédé depuis sa nouvelle cachette. L’affrontement continuait de plus
belle.

C’était décidé. Il détestait cet endroit !


COMBAT Un Bac à Ordures Vindicatif [Possédé] ( 108758 ) a frappé (avec un sortilège) Tahini ( 108759 ) qui y a survécu.

COMBAT Un Bac à Ordures Vindicatif [Possédé] ( 108758 ) a frappé (avec un sortilège) Un Tonnal de Poudre Facétieux [Possédé] ( 108761 ) qui y a survécu.

COMBAT Un Tonnal de Poudre Facétieux [Possédé] ( 108761 ) a frappé (avec un sortilège) Un Bac à Ordures Vindicatif [Possédé] ( 108758 ) qui y a survécu.

COMBAT Une Marmite de Bouillon Sournoise [Possédée] ( 108760 ) a frappé (avec un sortilège) Un Bac à Ordures Vindicatif [Possédé] ( 108758 ) qui y a survécu.

DEPLACEMENT Tahini ( 108759 ) s'est déplacé dans le Monde Souterrain.


#. Message de Smash- le 10-09-2014 à 14:03
1974 - ( )
Pays: France (44 - Loire-Altlantique)  Inscrit le : 18-05-2009  Messages: 701 (Shaï Epileptique)   Citer Citer
Tahini se réveilla progressivement. Il faisait jour depuis quelques heures
déjà. Il mit un moment à reprendre ses esprits, encore légèrement accroché
aux brumes de son rêve étrange. Il essaya de s'en souvenir, mais en vain.
Il ouvrit lentement les yeux, et regarda autour de lui, prenant un moment
pour se souvenir où il était. Les lieux semblaient différents maintenant qu'ils
étaient éclairés.

Il sursauta quand tout lui revient en mémoire. Les objets qui bougent !
En boule contre son gros rocher, tapi loin des regards dans l’obscurité, il
s'était endormi ! Quel piètre chasseur il était. Comment pouvait-il être
encore vivant ? Il aurait dû être dévoré pendant la nuit par toutes sortes
de vilaines bestioles ! Mais non. Après l'intense moment d'adrénaline vécu
au milieu des singulières créatures qu'il avait rencontré, il avait sombré
dans le sommeil tandis qu'il les surveillait de loin, succombant peu à peu
au sentiment de sécurité relative de son abri.

Il se redressa avec empressement, et reprit son observation là où il
l'avait laissée. Rien ne semblait avoir changé depuis la veille. Il avait
étudié les Objets qui Bougent, comme il les avait baptisés, pendant un long
moment avant de s'assoupir. Tout Trõll qui se respecte était normalement
capable de connaître, presque instinctivement, les monstres communs.
Mais devant ces trois spécimens, Tahini était démuni. Il n'avait jamais
entendu d'histoires de monstres-objets joutant à grands coups d'ordures.
Il avait pourtant noté quelques détails intéressants.

Les objets, bien qu'ils semblaient se livrer continuellement bataille, ne
paraissaient pas s’endommager sérieusement pour autant, comme s'ils
s'adonnaient simplement à quelque jeu enfantin. Le Tonnal, rempli d'une
grande quantité d’une poudre dense et lourde, passait le plus clair de son
temps à rouler en tous sens, agaçant les deux autres avant de repartir se
cacher, chacun de ses craquements faisant penser à un petit rire. La
Marmite avait un tempérament plus insidieux : elle redoublait sans cesse de
ruses et de fourberies pour surprendre ses adversaires, et la manière dont
son couvercle était entrouvert donnait l’étrange impression de la voir
afficher un petit sourire en coin satisfait. Le Bac, quant à lui, mettait
manifestement un point d’honneur à rendre coup pour coup dans la
bataille ; indiscutablement le plus rancunier et le plus bruyant des trois,
ses grincements et son expression contrariée faisaient penser à des cris
braillards de mécontentement permanent.

Inlassablement, le trio continuait de plus belle. Les objets s’obstinaient
à gesticuler sans aucune cohérence ni logique, à se battre à coups de
substances douteuses, et à tourner en rond en se roulant dans la poussière.
Même un bébé Gowap serait moins stupide et plus docile, pensa Tahini.
Pourtant, il y avait quelque chose de fascinant dans ces créatures, et il
n’arrivait pas à en décrocher les yeux.

Des bruits de pas vinrent pourtant interrompre sa rêverie. Des pas lourds.
Des pas de Trõll. De gros Trõll. Quelqu’un arrivait dans sa direction. Danger.

Il se recroquevilla sur lui même, tout petit dans sa cachette, et tendit l’oreille...
Était-ce la peur qui lui glaçait soudainement le sang ?


#. Message de Smash- le 23-09-2014 à 11:47
1974 - ( )
Pays: France (44 - Loire-Altlantique)  Inscrit le : 18-05-2009  Messages: 701 (Shaï Epileptique)   Citer Citer
Evènements Spéciaux
MortificationVotre cœur s’arrête de battre un instant. Puis il repart, mais il vous reste une douleur froide dans la poitrine.

#. Message de Smash- le 23-09-2014 à 13:35
1974 - ( )
Pays: France (44 - Loire-Altlantique)  Inscrit le : 18-05-2009  Messages: 701 (Shaï Epileptique)   Citer Citer
C'était un Trõll solitaire. Un gros, comme prévu. Et pas très beau à voir, avec
ça ! Il se dirigeait droit dans sa direction... Non. En direction des objets !
Tahini se fit tout petit.

De là où il était, le jeune Trõll observa l'arrivant. C'était un grand Durakuir tout en
armure, qui se déplaçait bizarrement. Il avait le poil long et clair, et ressemblait
assez bien à l'idée qu'il se faisait des vieux Trõlls décrits dans les livres d'histoires.
Il devait bien avoir une cinquantaine de mouches, au moins ; Tahini se lassa vite
d'essayer de les compter.

Sans hésiter un instant, le mystérieux visiteur avança vers les trois créatures,
comme s'il était parfaitement habitué à leur présence et à la scène hors du
commun que représentait leur perpétuel combat. Il prêta à peine attention à
leurs échanges de tirs et de coups, et s'arrêta en plein milieu des décombres,
tout près.

Imperturbable, le Durakuir, trifouilla ensuite quelque chose dans son sac, puis en
sorti plusieurs gros champignons qu'il grignota rapidement, en silence. Enfin, il
éleva la voix, pour marmonner une chanson très étrange. Tahini réprima un frisson.

Après plusieurs minutes, le Trõll s'agenouilla, et sembla adresser la parole aux
trois objets, qui cessèrent alors leurs gesticulations. Ce brusque changement de
comportement ne manqua pas d'intriguer Tahini, qui se pencha un peu plus, pour
mieux observer l'échange. Il n'y avait plus aucun bruit.

Le vieux Durakuir s'adressa à eux d'une voix rauque, avec un accent changeant,
presque grotesque. Le Trollinet ne compris presque rien, et se demanda s'il
s'agissait d'une autre langue que celle des Trõlls. Effrayant... Et fascinant à la fois.
Il était trop loin pour entendre les réponses du trio, couvertes par les claquements
et les grincements. Le sorcier, lui, semblait capable, grâce à son enchantement,
de communiquer avec eux et de comprendre leurs bruits de ferraille.

Le dialogue tourna court : après quelques secondes, les objets qui bougent
retournèrent soudainement à leur chahut, ignorant à nouveau leur visiteur et
son drôle de rituel magique. De sa cachette, Tahini pu pourtant le voir soupirer.
Ils n'avaient pu échanger que quelques mots, et, manifestement, ce n'était pas
assez à son goût. Néanmoins, le vieux magicien esquissa un sourire. Il avait ce qu'il
était venu chercher.

Constatant qu'il ne tirerait plus rien des objets, il jeta un bref regard alentour,
puis claqua nonchalamment des doigts, et disparu à travers un portail en
quelques secondes.

Il était parti. Le calme était revenu et Tahini se détendit enfin. Mais à quoi donc
le jeune Trõll venait-il s'assister ?!


#. Message de Smash- le 15-10-2014 à 12:24
1974 - ( )
Pays: France (44 - Loire-Altlantique)  Inscrit le : 18-05-2009  Messages: 701 (Shaï Epileptique)   Citer Citer
Tahini passa la journée à observer les objets de loin, de peur que de
nouveaux visiteurs leur rendent visite, mais aussi par crainte d'être
encore une fois la cible de leurs échanges de coups aléatoires.

Il fallait qu'il réfléchisse. Il était persuadé qu'il devait agir, qu'il devait
faire quelque chose. Mais comme il n'arrivait pas à décider quoi, il
restait là, et continuait d'observer. Et rester là, à ne rien faire,
renforçait encore davantage son sentiment qu'il devait agir. Et sa
frustration par la même occasion...

Le Trollinet qu'il était réagissait à l'instinct : comme s'il avait trouvé
de nouveaux jouets, il les avait étudiés, puis s'en était presque aussitôt
désintéressé. Mais maintenant que d'autres étaient venus tourner autour,
il les voulait à nouveau pour lui tout seul.

Non. Ce vieux magicien bizarre n'allait pas lui piquer ses objets qui bougent !
Il les avait trouvés le premier, et il comptait bien faire valoir ce droit.
Peut-être même qu'il arriverait un jour à leur parler, lui aussi ? Il s'y voyait
déjà, célèbre et riche comme un prince, grâce à son incroyable trouvaille !

Mais chaque chose en son temps. En premier lieu, il fallait les cacher dans
un endroit sûr. Pour ça, il avait bien une idée... Mais celle-ci nécessitait un
peu d'organisation : il allait d'abord lui falloir de quoi se protéger.

Il entreprit de fouiller les décombres.


#. Message de Smash- le 20-10-2014 à 12:32
1974 - ( )
Pays: France (44 - Loire-Altlantique)  Inscrit le : 18-05-2009  Messages: 701 (Shaï Epileptique)   Citer Citer
Il était sans doute le plus intelligent de tous les Trollinets !

Bon, bien sûr, il ne connaissait pas tous les Trollinets du Hall. Mais il était
quand même intimement convaincu qu'il était bien plus intelligent qu'eux.
Du moins, que la plupart d'entre eux. Oui !

... A bien y réfléchir, il n'avait encore jamais rencontré d'autres Trollinets.
Il manquait donc de quelques éléments pour faire cette comparaison...
Bah, peu importe ! Ils étaient certainement bien plus stupides que lui !

En effet, Tahini avait passé plusieurs heures à fouiner dans les affaires qui
jonchaient le sol, et s'était confectionné un kit de protection de fortune !
Pour la tête, il avait arraché les rabats d'un gros casque de cuir, pour n'en
garder que la partie supérieure. Ainsi, il s'adaptait parfaitement à son petit
crâne. Il avait ensuite attaché les lambeaux restants sur ses jambes et ses
pieds, ce qui le protègerai correctement sans trop le gêner pour courir.
Pouvoir courir, c'était important. Oui.

Pour le torse, il avait enfilé ce qui devait être un morceau de tunique en
mailles légère, de telle manière qu'il tombait sur ses hanches comme un
pagne. Cela avait un certain style ! Enfin, pour achever sa panoplie, il avait
accroché autour de son cou une vielle breloque toute poussiéreuse. Cela
ne servait à rien, mais Tahini attachait de l'importance aux détails : avec ça,
il avait l'air d'un de ces adultes qui portent toujours des colliers étranges !

Il jeta un dernier regard satisfait à sa tenue. Il était fin prêt.

Il rassembla son courage, et mis son plan en action. Muni de quelques gros
cailloux, il se dirigea vers les objets, sans même tenter d'être discret. Les
trois créatures semblaient avoir fait une pause dans leur combat, et étaient
en train de se livrer à leur seconde activité favorite : tourner en rond, se
rouler dans la poussière, et faire un maximum de bruit.
"Des bébés gowaps", songea-t-il à nouveau.

Tahini s'arrêta à bonne distance, et entreprit d'attirer leur attention :
Hey vous là ! Par ici ! Hey ! Je suis là ! Oui, c'est à vous que je parle !
Cling ?!
Ouais, vous, les gros là ! Par ici ! Venez m'attraper !"

Les objets marquèrent une pause dans leurs stupidités, ce qui renforça
la détermination du Trollinet. Il jeta ses cailloux dans leur direction, l'un
d'eux atterrissant même sur le coin de la marmite dans un bruit sourd.

Les objets reprirent leur cacophonie de claquements et de grincements,
comme pour protester contre cette nouvelle intrusion. Tahini se baissa
juste à temps pour éviter le premier tir de bouillon ; mais contrairement
à la première fois, il était prêt. Il ramassa d'autres pierres avec un sourire,
puis se releva pour riposter, sans s'arrêter de courir.

"Vous ne m'aurez pas ! Prenez ça ! Haha ! Trop lent !"

Il toucha le tonnal à deux reprises, et manqua le bac de presque rien.
Il trouva une autre cachette pour reprendre son souffle et se mettre à
couvert. Puis jeta un œil en direction de ses poursuivants.
"Ça marche, pensa-t-il, ils me suivent !"

Les créatures semblaient furieuses, mais bien incapables de suivre son
rythme effréné. Il ralentit un peu l'allure, en profitant au passage pour
leur lancer une nouvelle salve de projectiles et de provocations. Les
objets semblaient bien décidés à le rattraper.

Ravi de sa bonne fortune, il se remit à courir pour les attirer plus loin,
toujours plus loin, vers l'Orhykan...


#. Message de Smash- le 29-07-2017 à 13:23
1974 - ( )
Pays: France (44 - Loire-Altlantique)  Inscrit le : 18-05-2009  Messages: 701 (Shaï Epileptique)   Citer Citer
Chapitre 2 : Un peu rouillé

#. Message de Smash- le 29-07-2017 à 13:39
1974 - ( )
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Põm était agité ces derniers temps.

Pourtant, il avait enfin ce dont il avait toujours rêvé. Un coin reculé du Hall,
loin dans la chaleur du Mydikan. Une tanière douillette et confortable,
parfaitement aménagée. Portant pour seul vêtement une épaisse tunique de
laine douce, il était confortablement installé sur son banc préféré, le dos
contre la pierre fraîche. Sa Trollette somnolait, la tête dans le creux de son
bras, tandis que son Gowap de compagnie ronronnait sur ses genoux. Il avala
une longue gorgée du verre qu'il tenait à la main, rempli de son meilleur
Calvok, et pris quelques instant pour en apprécier l'amertume raffinée sur sa
langue. Oui, la vie était exactement telle qu'il l'avait toujours voulue. Et il
avait la conviction qu'il aurait dû être satisfait en cet instant.

Malgré tout, il n'en était rien.Tout d'abord, il ne s'était pas imaginé qu'il
s’ennuierait aussi vite. Il s'était coupé de l'agitation du Hall avec joie, mais
les parties de chasse lui manquaient. Il n'avait jamais été de ces Trõlls à ne
vivre que pour le meurtre, le sang, les cris et les effusions ; quand il voyageait
avec ses amis, il était toujours celui qui revenait en arrière pour s'intéresser
à un élément passé inaperçu, celui qui prenait le temps de déchiffrer un
parchemin couvert de gribouillis illisibles que tout le monde avait négligé. Il
préférait s'isoler du groupe quelques heures pour négocier la valeur d'un
composant au marché local, ou trouver le meilleur filon de métal possible
dans les environs. Mais il n'était jamais bien loin des autres malgré tout, et,
à la fin de la journée, il était avec eux, autour du feu, pour partager leurs
repas, leurs histoires invraisemblables, leurs plaisanteries douteuses et leurs
éclats de rire.

Il n'aurait pas cru penser cela un jour, mais il n'aurait pas craché sur un peu
d'agitation, là, tout de suite. Certes, ses vieux collègues étaient braillards et
semaient le désordre sur leur passage, mais cet après-midi là, dans le
silence de son logis, il les aurait bien volontiers laissé troubler sa quiétude.
Il aurait ronchonné, pour la forme, maudissant leur maladresse, leurs
éructations et leur pagaille, mais il aurait bu à leur santé, et aurait chéri ce
moment de convivialité simple. Bref, il aurait donné cher pour endosser son
rôle de râleur casanier comme autrefois, si cela pouvait lui permettre d'avoir
des nouvelles de chacun.

Car ce qui le tourmentait surtout, c'était de ne plus recevoir le moindre mot
de ses amis, ces derniers temps. Longtemps auparavant, quand il avait reçu
le message de Ping et son histoire de vieux parchemin, il s'était surpris à s'en
émoustiller bien plus que de raison. Il avait été ravi de constater que non
seulement il n'avait pas été oublié, mais qu'il restait, aux yeux de ses anciens
compagnons, comme la personne à contacter pour tout sujet un tant soit peu
intellectuel. Leurs quelques échanges de l'époque avaient piqué sa curiosité
et rallumé la flamme qu'il croyait avoir éteinte de bonne grâce depuis des
mois. Il avait alors fouillé parmi tous ses vieux grimoires, et avait même
effectué une sortie au village le plus proche pour trouver d'autres
renseignements. Poussé par la curiosité, il s'était même imaginé jusqu'à aller
en personne retrouver le jeune Trõll pour l'assister dans son entreprise.

Mais Põm, comme tous les Trõlls, avait aussi sa fierté. Il n'est pas facile de
tout plaquer, d'abandonner les joies simples de la camaraderie, d'une chasse
sûre et d'une vie itinérante, de s'installer loin de tout, puis d'avouer par la
suite, qu'au fond, on regrette son choix. Aussi, il avait répondu à son ami,
mais tempéré ses impulsions de voyage, s'était replongé dans son quotidien,
et, tranquillement, s'était réinstallé dans la routine. Mais dernièrement,
l'absence de nouvelles avait fait renaître ses doutes. Sa nostalgie s'était peu
à peu muée en inquiétude. Sans nouvelles de Ping, il avait décidé de
contacter Eneth, sans plus de résultat. Il avait alors écrit à Smash, leur père
adoptif ; mais là encore, ses courriers étaient restés sans réponse. Plus
étrange encore, ses chauves-souris revenaient sans avoir délivré leurs
missives, après des journées entières d'errance infructueuse. Nul besoin
d'être le spécialiste en chiroptères qu'il était pour comprendre que cela ne
laissait rien présager de bon.

Il posa son verre et se leva sans bruit, prenant soin de ne pas réveiller sa
compagne. Le Gowap sauta au sol et lui adressa un regard de reproche
embué, avant de reprendre sa sieste quelques enjambées plus loin. Põm
traversa la tanière, et se pencha sur le lourd panneau de bois lui servant
de bureau. Il trouva sans mal ce qu'il cherchait. Le dernier message de Ping,
daté d'il y a plus d'un cycle. Un cycle !! Il pouvait s'être passé tant de choses
durant ce temps ! Il parcouru le parchemin poussiéreux, et buta sur plusieurs
mots du dernier paragraphe. De la magie, du pouvoir et de la gloire...
"Ultime puissance". "Ragnarok". Et s'il était arrivé malheur à ses amis ?

Ne tenant plus en place, il se mit à chercher frénétiquement dans ses
archives. Les documents qu'il avait rassemblés à l'époque étaient là, intacts.
Il les dévora avidement, envahi d'un terrible pressentiment. Aurait-il pu
manquer quelque chose, un an auparavant ? Une inexplicable urgence le
submergea. Un cycle ! Comment avait-il pu attendre si longtemps, sans se
soucier du sort de ses amis ? S'ils avaient disparu ou connu un sort tragique,
jamais il ne pourrait se pardonner d'avoir été aussi négligent...

Ses doigts tremblaient lorsqu'il trouva enfin ce qu'il cherchait. Une
annotation, écrite de sa propre main, dans la marge d'un petit parchemin
usé. Sa découverte lui fit l'effet d'une douche froide. Retenant son souffle,
il parcourut du regard la pièce étriquée où régnait un silence absolu et
oppressant. Ses yeux se posèrent sur sa vieille machette, accrochée au
dessus de la cheminée depuis bien trop longtemps. Il observa sa Trollette
endormie, et tout le confort qu'il avait tant désiré. Il avait soudain des
fourmis dans les jambes.

Il prit sa décision.


#. Message de Smash- le 29-10-2018 à 11:04
1974 - ( )
Pays: France (44 - Loire-Altlantique)  Inscrit le : 18-05-2009  Messages: 701 (Shaï Epileptique)   Citer Citer
Le plan “parfait” échafaudé par Tahini se trouvait avoir quelques failles, au bout
du compte. Certes, il avait mené à bien sa manœuvre d'ensemble, qui consistait à
attirer les trois objets à sa suite dans un endroit désert. Mais il avait omis une
étape particulièrement importante : et après ?!

Il avait marché longtemps, jusqu'à ce que ses pieds soient douloureux et ses
jambes lourdes, et puis il avait marché encore. Il n’avait pas croisé âme qui vive
depuis ce qui lui semblait une éternité, et avait atteint un coin si reculé du Hall
que même les plus craintifs des monstres ne paraissaient pas le fréquenter.

Pour occuper son esprit, il s’était mis à se poser toutes sortes de questions
intellectuelles : se pourrait-il qu’il soit le tout premier Trõll à fouler le sol de ces
cavernes oubliées ? Face à cette interrogation, il avait repensé aux légendes que
lui racontait son vieil oncle Cuistron, et à l’histoire de ce Tomawak qui avait
marché si longtemps et si loin qu’il avait atteint le bout du Monde ! Constatant
qu’il pouvait pour l’instant continuer à avancer, il avait logiquement conclu qu’il
n’était pas encore arrivé au bout du Hall.

Puis, il avait pensé qu’il y avait peut-être plusieurs bouts du Hall, selon la
direction dans laquelle on marche. Il était convaincu que personne n’avait jamais
pensé à ça avant, encore moins l’auteur du conte de son enfance. Peut-être
même qu’il y avait six ou sept bouts du Hall différents, au final. Un dans chaque
direction. Ou un pour chaque doigt de la main... Il avait eu mal à la tête, à force
de réfléchir. Être un Trollinet aussi intelligent l'épuisait, par moments. Marchait-il
dans le même sens que le héros du récit ? Difficile à dire, étant donné qu’il n’avait
pas la moindre idée de l’endroit où il pouvait bien se trouver...

Délaissant ces pensées hautement cérébrales, il en était revenu à sa
préoccupation présente : au bord de l’épuisement, il allait bien devoir finir par
s’arrêter de trottiner à un moment ou l’autre. Il se ferait alors tailler en pièces
par les trois ustensiles de cuisine en colère toujours à ses trousses. Une
perspective peu réjouissante, surtout après tant d’efforts. Profitant d’une
longueur d’avance sur ses poursuivants, le petit Skrim marqua une pause pour
reprendre son souffle et réajuster ses jambières en cuir de fortune. Il se permit
un rapide coup d’œil en arrière.

Les Objets qui Bougent montraient eux-aussi des signes de fatigue. D’abord
furieux et avides d’en découdre avec celui qui les avait provoqués, ils s’étaient
lancés à ses trousses tambour battant, à grands renforts de pétarades
inquiétantes et de projections douteuses. Mais à mesure que la poursuite
s’était éternisée, les trois créatures avaient progressivement perdu en agressivité
et en volume sonore. Elles le suivaient désormais à la file indienne, économisant
leurs forces en évitant tout tapage superflu. Bien sûr, leurs déplacements étaient
toujours erratiques et leurs mouvements toujours fortement aléatoires. Quand on
y réfléchissait, cela n’était pas vraiment une surprise, étant donné qu’ils étaient
tous trois dépourvus de membres à proprement parler, et qu’ils ne pouvaient
donc pas simplement marcher comme l’aurait fait un Trõll ; chacun s’accommodait
au mieux de son anatomie avec sa propre méthode improbable, ondulant, roulant
ou sautillant dans la direction visée. L’ensemble créait ainsi une chorégraphie
ridicule, soulevant d’immenses volutes de poussière.

Il arrivait régulièrement que la poubelle, emportée dans son élan plein d’entrain,
percute violemment le chaudron qui la précédait dans un grand bruit métallique
sourd, ou encore que le gros tonneau finisse par rouler sur une pierre lui faisant
perdre son inertie et sa trajectoire, l’obligeant ainsi à effectuer une longue
courbe à pleine vitesse pour rattraper ses deux comparses ; une manœuvre à son
tour ponctuée de nouveaux soubresauts instables et grinçants. Quoi qu’il en soit,
aucune des trois créatures ne semblait se formaliser des dégâts infligés à leur
personne, qu’ils résultent de leur propre maladresse ou de celle des autres.

Les observer sous cet angle grotesque fit retomber son appréhension. Il fallait
bien qu’il les affronte un jour ou l’autre. Il était toujours immobile, et les
Objets filaient vers lui à toute vitesse, réduisant leur retard. S’il voulait éviter la
collision, il fallait qu’il se remette à courir tout de suite, pour les distancer à
nouveau.

Il n’en fit rien. A la place, il se tourna pour leur faire complètement face, et
planta fermement ses appuis dans le sol pour recevoir la charge. Il se redressa
de toute sa (petite) hauteur et bomba le torse d’une grande inspiration. Le
cœur battant, la tête haute, il se prépara à l’impact.


HRP : Comme toujours, merci d'avoir la gentillesse de ne pas poster ici avant la fin du récit !!

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